L’alimentation est l’un des facteurs fondamentaux de toute exploitation d’élevage. Elle influence à la fois le bien-être et la productivité des animaux. Se nourrissant exclusivement de matières végétales, le bétail doit bénéficier d’une alimentation stricte à base de fourrage.
De la fin de l’hiver à la fin de l’automne, les vaches peuvent brouter l’herbe disponible dans les prairies qu’elles pâturent. Composé principalement de plantes fraîches, ce fourrage est très hydratant. Il a une haute valeur nutritionnelle et est naturellement riche en vitamines, minéraux et protéines. C’est un aliment de qualité. C’est l’un des avantages de la saison de pâturage.
Lorsque l’hiver arrive, les animaux ne sortent plus, mais leurs besoins alimentaires ne s’arrêtent pas pour autant, il faut donc prévoir un autre type de fourrage pour les nourrir correctement. C’est là que l’ensilage prend tout son sens.
Qu'est-ce que l'ensilage ?
L’ensilage est un processus de fermentation anaérobie du fourrage. Anaérobie, c’est-à-dire en l’absence d’air. Tout simplement, les agriculteurs coupent certains fourrages et les stockent dans un silo sans oxygène, où la matière fermente. Une fois le processus terminé, l’ensilage devient un aliment de premier choix pour les troupeaux, car il préserve les qualités nutritionnelles des fourrages.
Il existe de nombreux types d’ensilage, mais les principaux sont fabriqués à partir d’herbe ou de maïs.
Le saviez-vous ?
Un bon ensilage se fait dès la récolte. Vous devez surveiller la teneur en matière sèche de la récolte. Cela permet de s’assurer que le processus de fermentation est aussi efficace que possible et que la digestibilité future du fourrage en dépend.
Pour l’ensilage de maïs, par exemple, la teneur en matière sèche requise se situe entre 32 et 35 %.
Récolte à temps pour une qualité optimale
La qualité de l’ensilage se détermine dès le stade de la coupe. La qualité du fourrage dépend en grande partie du stade auquel l’herbe est récoltée. Idéalement, la coupe devrait être effectuée environ une semaine avant l’épiaison des graminées. À ce stade, la forte présence de limbes* sur les feuilles garantit une meilleure valeur alimentaire que les tiges et les graines qui augmentent après le début de l’épiaison.
Par temps humide, il est essentiel d’opter pour une coupe haute. C’est la condition pour minimiser la présence de terres dans le fourrage, et donc de bactéries butyriques**. La coupe optimale doit se situer entre 2 et 4 cm. Cette longueur facilite le tassement et accélère la fermentation lactique, préservant ainsi la qualité nutritionnelle du fourrage.
Comment se déroule le processus d'ensilage ?
Une fois les ensilages réalisés, ils doivent être stockés pour commencer le processus de fermentation. Celui-ci se déroule généralement en 4 phases.
Tout d’abord, il faut arrêter la phase aérobie*** immédiatement après la récolte. Pour cela, il faut tasser au maximum les fourrages pour chasser l’air. Un tracteur ou une machine assez lourde est utilisé pour compacter suffisamment le silo, il est ensuite bâché le plus hermétiquement possible. Si cette étape n’est pas réalisée correctement, la fermentation ne fonctionnera pas.
Durant cette phase initiale, les cellules végétales et les microbes présents vont métaboliser les sucres et l’amidon grâce à la présence d’oxygène, ce qui va augmenter la température du silo (32°C). Cela génère également de l’humidité. Cette étape doit être la plus courte possible pour éliminer tout l’oxygène et déclencher la phase de fermentation anaérobie.
Une fois les conditions anaérobies atteintes, les bactéries responsables de la lacto-fermentation commencent leur travail. Elles transforment le sucre, principalement en acide lactique, ce qui abaisse le pH de 6,0 à environ 3,8. Cette chute brutale du pH préserve les protéines végétales et empêche la prolifération des microbes. Cette phase de fermentation dure environ un mois, en fonction des conditions d’ensilage et de la culture utilisée.
La troisième phase est dite stable. Tant que le silo est fermé, c’est-à-dire tant que l’oxygène ne pénètre pas dans l’ensilage, celui-ci peut être stocké pendant des mois. À ce stade, il est important de vérifier qu’il n’y a pas d’ouvertures ou de déchirures qui permettraient à l’air de pénétrer.
Quels sont les risques liés à l'ensilage ?
Comme nous l’avons vu précédemment, c’est l’absence d’oxygène dans le silo qui permet la fermentation et la conservation du fourrage. La moindre présence d’air peut favoriser la prolifération de moisissures et de levures qui réduisent la disponibilité de la matière sèche et dégradent la qualité globale de l’ensilage.
Les problèmes de conservation de l’ensilage peuvent être les suivants :
- fermentation lente, ce qui retarde l’ouverture du silo
- perte de valeur énergétique ou protéique
- augmentation de la température du silo, entraînant une perte de matière sèche
- diminution de l’appétence et de la digestibilité du fourrage
- un risque sanitaire élevé, en présence de mycotoxines par exemple.
La présence de bactéries et de microbes nocifs dans l’ensilage peut être à l’origine de maladies au sein du troupeau, comme le botulisme ou principalement des affections intestinales.
Il est également important de surveiller l’aspect et l’odeur de l’ensilage après son ouverture. Les signes ne trompent pas.
Les changements de couleur dans les 20 premiers centimètres sous la bâche indiquent la présence d’humidité. Des teintes rouges ou bleutées dans le fourrage sont le signe de la présence de mycotoxines.
Si le silo s’affaisse, il est probable qu’une post-fermentation se produise, ce qui est préjudiciable à la valeur nutritionnelle du fourrage. Enfin, la présence d’eau au fond du silo signifie que du dioxyde de carbone a été libéré dans le fourrage.
Sur le plan olfactif, si le silo dégage une odeur de beurre rance associée à une teinte verdâtre, cela peut être le signe de la présence d’acide butyrique. Une odeur de vinaigre ou d’alcool signifie que le silo produit de l’acide acétique ou de l’éthanol. Enfin, une forte odeur de caramel/tabac associée à un fourrage très foncé (brun foncé à noir) signifie que la chaleur est trop élevée et que le fourrage se dégrade.
Que puis-je ajouter à mon ensilage pour l'optimiser ?
Il est possible d’enrichir l’ensilage avec différents éléments. Des bactéries peuvent être injectées dans le silo au début du processus pour accélérer le processus d’abaissement du pH.
Les inoculants bactériens sont divisés en bactéries homofermentaires et hétérofermentaires.
Les bactéries homofermentaires (Lactobacillus plantarum, Pediocuccus, Lactococcus) transforment le sucre de l’herbe en acide lactique, ce qui contribue à la lactofermentation. Ces bactéries agissent à 3 niveaux : elles accélèrent la baisse du pH, réduisent la perte de protéines du fourrage et rendent le produit plus appétent.
Les secondes bactéries (Lactobacillus Buchneri, L.Brevis ou L.Kefira) vont également transformer le sucre en acide lactique et en acide acétique. Outre l’abaissement du pH, elles améliorent la stabilité aérobie lors de l’ouverture du silo, ralentissent le développement des organismes responsables de la post-fermentation et limitent l’oxydation.
L’ajout d’acides formique ou propionique permet également d’abaisser le pH et d’améliorer la stabilité aérobie. Enfin, si le taux de sucre initial est trop faible, il peut être justifié d’ajouter du sucre à la matière.
TIMAC AGRO propose une gamme complète de conservateurs pour :
- Abaisser rapidement le pH pour une bonne fermentation
- Limiter le développement des pathogènes
- Limiter les pertes de matière sèche et de protéines
- Garantir l’appétence du fourrage.
Les produits d’ensilage TIMAC AGRO se distinguent par leur technologie. Plus de 80% de nos produits sont composés d’ingrédients actifs.
*limbes : partie plate (d’une feuille).
**bactéries butyriques : bactéries de type Clostridium naturellement présentes dans la terre et les fécès.
***aérobie : qui ne peut se développer qu’en présence d’air ou d’oxygène.